Fonderie Bellefeuille "Le Gros Marteau" (1866-1958)
- stephanema9
- 2 oct.
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Dernière mise à jour : 2 oct.
En 1827, Frédéric Bellefeuille (1805–1873), voiturier et menuisier, acquiert un terrain sur la rue Notre-Dame derrière la maison d’Urbain Nolin. Il fait construire un premier atelier de forge qu’il nomme « Le Gros Marteau ». On y travaille le fer et la fonte, à petite échelle. Avec les années, l’activité s’intensifie et l’espace devient trop restreint.
Vers 1830, il acquiert un nouvel emplacement au coin nord-est des rues Notre-Dame et Sainte-Élisabeth, où il installe une machinerie plus imposante et relance la production dans un bâtiment mieux adapté.
En 1844, la fonderie commence à produire des moulins à battre, machines agricoles servant à séparer les grains des épis. Les premiers modèles, ceux qui fonctionnent à l’aide d’un cheval, se vendent 150 $. Les versions doubles, à deux chevaux, avec séparateurs, atteignent 250 $. La fonderie produit des moulins à battre jusqu’en 1909.
En 1855, Le Gros Marteau élargit sa production et commence la fabrication de poêles en fonte de marques « Bijou », « Admirable », « Jacques Cartier » et « Victoria » et ce jusqu'en 1915. En 1866, la fonderie fait construire un nouveau bâtiment de deux étages, en face, au (247) 1839 Notre-Dame. Ce bâtiment restera en place jusqu’à sa démolition en 1961.
En février 1869, les fils de Frédéric, François-Xavier (1831–1910) et Charles-Achille (1844–1908) Bellefeuille, qui opéraient l’entreprise depuis 1865, prennent officiellement la relève de leur père. L’entreprise devient alors « F.X. Bellefeuille & Frère ».
À partir de 1869, la fonderie produit des moulins à carder, vendus 800 $ chacun. Chaque machine pèse entre 700 et 800 livres et permet de carder jusqu’à 250 livres de laine par jour. Un service de cardage est également offert sur place, au deuxième étage, au coût de 0,05 $ par livre brute.
À partir de 1880, l’entreprise commence à fabriquer des moteurs à vapeur Duplessis pour bateaux, conçus pour des chaloupes, notamment celles qui traversaient à l’île Saint-Quentin. Elle fabrique aussi diverses hélices pour les moteurs de bateaux.
En 1888, F.X. Bellefeuille & Frère absorbe la forge McKilvie, située au coin des rues René et Notre-Dame.
Lors de l'inondation du 16 avril 1896, la fonderie subit de lourds dégâts, alors que l'eau monte jusqu'à la hauteur des deuxièmes carreaux de la boutique.
Lors de l’inondation du 16 avril 1896, la fonderie subit de lourds dégâts, alors que l’eau monte jusqu’à la hauteur du deuxième rang de carreaux de la boutique.
En 1908, après la mort de Charles-Achille Bellefeuille, son fils Charles prend la direction de l’entreprise.
En 1910, F.X. Bellefeuille & Frère rachète la fonderie Rémillard et Frères du (29) 299 Saint-Georges. L’entreprise intègre aussi les installations des MacDougall, anciens propriétaires des Forges du Saint-Maurice, situées à l'endroit où l’International Paper entreposait son charbon.
En 1914, l’entreprise devient « Bellefeuille & Frère ».
En 1923, un nouveau règlement municipal interdit aux enseignes de dépasser le trottoir, et l’entreprise doit retirer l’enseigne du Gros Marteau.
Le 29 décembre 1923, un incendie se déclenche dans l’atelier des moulins à carder et détruit l’étage supérieur du bâtiment. La structure restante demeure intacte, et le vieux four, en service depuis 106 ans, quoique légèrement incliné, est encore en bon état d’opération. À la suite de l’incendie, l’atelier de fonderie cesse ses activités, ne laissant que les ateliers mécaniques en fonction.
En 1933, à la demande du comité d’initiative du tricentenaire de la ville, Charles Bellefeuille fait sculpter un nouveau marteau et l’installe pour les célébrations du Tricentenaire de Trois-Rivières.
En 1934, les frères Bellefeuille, François (1927–1958) et Frédéric (1934–1958), fils de Charles, deviennent propriétaires de la fonderie.
Le 31 mars 1958, la fonderie Bellefeuille, connue sous le nom de Gros Marteau, cesse ses activités après 131 ans d’exploitation. L’atelier, partiellement endommagé par l’incendie de 1923 et équipé de machineries anciennes, ne répond plus aux exigences de la production moderne. Face à la concurrence industrielle croissante et à la transformation du secteur manufacturier à Trois-Rivières, la décision est prise de fermer définitivement.
Le bâtiment, construit en 1866, sera démoli en septembre 1961.
À travers les années, le Gros Marteau coulait du fer, de la fonte et du cuivre. Dans ses ateliers, on fabriquait bien plus que des poêles et des moulins : paratonnerres, pièces de borne-fontaine, ancres de bateau, engrenages, tuyaux d’échappement pour moteurs marins, points d’appui d’essieu de turbine à eau, paliers et pièces d’instruments aratoires. On y moulait aussi des pièces pour couturiers, des garnitures de galeries, des poteaux ouvragés, des plaques de trou d’homme. Chaque pièce, coulée dans le vieux four, portait la marque d’un savoir-faire local, transmis de génération en génération.
Une clôture en fer forgé devant le monastère des Ursulines témoigne encore du savoir-faire de la fonderie Bellefeuille.
Source:
Le Journal des Trois-Rivières, 6 juillet 1869, , p.4
Le Journal des Trois-Rivières, 20 août 1883, p.2
Le devoir, 3 janvier 1924, p.7
Lucille Peltier, Le bien public, 14 décembre 1973, p.6
Le nouvelliste, 21 mai 1983, Cahier 2, p.5
Patrimoine Trifluvien no.12, juin 2002
Publication Musée Pierre-Boucher art et histoire 3 juillet 2022








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